Renoncements aux soins bucco-dentaires des plus démunis : réalités et réponses

Séance AOI – Renoncements aux soins- I.Thiébot, F.Augereau-  Le Chirurgien-Dentiste de France n° 1558-1559 – 24-31 Janvier 2013  Téléchargez

Le secteur dentaire arrive au premier rang pour les renoncements aux soins.  La problématique est multifactorielle.  Le système de santé devrait permettre l’accès aux soins d’une population en situation précaire. Les praticiens constituent une offre de soins compétente, des dispositifs de protection sociale spécifiques ont été mis en place. Pourtant, entre le besoin et la demande de soins, entre la demande et l’offre, patients et professionnels ne se croisent plus ou que ponctuellement.

Quelles réponses sont proposées et expérimentées ? Comment avancer ? Autant de questions sur lesquelles l’AOI,  lors de sa conférence à l’occasion du congrès ADF,  a donné la parole à différents acteurs pour qu’ils apportent leurs éclairages, puissent se rencontrer, s’écouter, chercher à comprendre les difficultés de chacun, regarder ce qui se fait… Et envisager des évolutions.

 

Testez vos connaissances – Renoncements aux soins dentaires et précarité en France

Renoncements aux soins dentaires et précarité en France

Testez vos connaissances sur la protection sociale dentaire pour les plus démunis.

Pour certaines questions, plusieurs réponses sont possibles.

Q1 – Pour bénéficier de la CMU complémentaire, les ressources mensuelles moyennes d’une personne seule doivent être inférieures à :

a –             661 €

b –             893 €

c –          1 028 €

R:     a   – Pour bénéficier de la CMU complémentaire, les ressources mensuelles moyennes d’une personne seule doivent être inférieures  661 euros. Ce montant comprend la totalité des ressources perçues, y compris les allocations sociales (ex : les allocations familiales,  l’aide au logement ou un montant forfaitaire de 56 euros en cas d’hébergement gratuit.)

Q2 -Les prestations dentaires prises en charge par l’ Aide Médicale d’Etat (AME) et la CMU complémentaire sont identiques :

a –          oui

b –          non

R :     b  – Les prestations dentaires prises en charge par l’AME et la CMU complémentaire ne sont pas identiques. Les prestations dentaires couvertes par l’AME sont limitées au tarif de base de la sécurité sociale.  La CMU-C couvre des actes  comportant des dépassements d’honoraires (prothèses et orthodontie) dans la limite des plafonds prévus par décret.

Q3 – Les bénéficiaires du RSA socle (ancien RMI) ont droit à la CMU complémentaire :

a –          sous certaines conditions

b –          systématiquement

R :  b  –  Les bénéficiaires du RSA socle (ancien RMI) ont droit la CMU complémentaire systématiquement. Le montant mensuel du RSA socle étant de 475 euros, donc inférieur au plafond de ressources de la CMU-C, le droit à la CMU-C est acquis à tous les bénéficiaires du RSA. Mais ils doivent en faire la demande.

Q4 – L’ACS est :

a –          l’allocation pour un contrôle santé (bilan gratuit)

b –          l’aide pour une complémentaire santé

R :   L’ACS est l’aide pour une complémentaire santé. L’aide à la complémentaire est un forfait qui paye tout ou partie des cotisations à une complémentaire santé. Elle est accordée à des personnes dont les revenus sont compris entre le plafond de ressources de la CMU et ce plafond majoré de 35% (893€ pour une personne seule)

 Q5 – Vers quelle structure orienterez-vous, de préférence, un patient, ayant des ressources supérieures au plafond de la CMU-C, qui vous dit ne pas pouvoir entreprendre des travaux de prothèse en raison de ses faibles revenus ?

a –          Centre communal d’action sociale (Mairie)

b –          CPAM

c –          Associations

d –          autres

R :   bUn patient, ayant des ressources supérieures au plafond de la CMU-C,  qui vous dit ne pas pouvoir entreprendre des travaux de prothèse en raison de ses faibles revenus peut être orienté vers la CPAM. Pour financer de la prothèse (en partie ou en totalité), la CPAM  peut octroyer des aides ponctuelles (fonds pour des dépenses exceptionnelles de santé). Le montant attribué est fonction des ressources.

Q6 – Les PASS (Permanences d’Accès aux Soins de Santé) dentaires sont des services hospitaliers qui :

a –          accueillent le public sans droits sociaux ouverts

b –          ouvrent les droits à la CMU complémentaire

c –          font des soins esthétiques gratuits (blanchiment…)

d –          ont un service social d’accompagnement

e –          font parfois des soins

f –          orientent parfois vers d’autres structures de soins

R :   a – d – e – f

Les PASS (permanences d’accès aux soins de santé) dentaires sont des services hospitaliers qui

– accueillent le public sans droits sociaux ouverts

– ont un service social d’accompagnement

– font parfois des soins

– orientent parfois vers d’autres structures de soins

 Q7 – Un patient qui a une mutuelle, et éventuellement une ACS pour la financer, peut obtenir une aide ponctuelle de la CPAM pour des dépenses de prothèse :

a –          oui

b –          non

R :   aUn patient qui a une mutuelle, et éventuellement une ACS pour la financer, peut obtenir une aide ponctuelle de la CPAM

Oui, dans la mesure où le remboursement de la mutuelle ne couvre pas le montant total du reste à charge.

Si vous cherchez des précisions sur cet aspect, vous pouvez vous rendre sur le site sur lequel vous trouverez de multiples autres détails sur l’accès aux soins dentaires

Isabelle Thiébot

Film : Réduction des risques d’infections liées aux soins au Cambodge

Ce film montre le travail et l’approche de l’AOI à partir de l’exemple du Cambodge où l’ONG intervient en appui conseil  à l’équipe du ministère de la santé.

 En milieu hospitalier et dans les centres de santé, l’enjeu majeur est d’adapter les programmes d’hygiène en fonction du contexte particulier et des ressources locales, dans un souci d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins.
Des méthodes et des protocoles simples et bien respectés sont une garantie par rapport au risque de contamination croisée. Un film  a été réalisé en juin 2012 au Cambodge et au Laos avec le soutien de l’AFD et d’UNIDENT.

Cambodge : Des outils de formation pour la sécurité des soins

Les risques d’infections nosocomiales (hépatite B, C, VIH/SIDA, tuberculose,…)  lors de soins dentaires, sont élevés lorsque les protocoles de soins et l’équipement sont déficients. Les compétences du personnel dentaire et la qualité de l’équipement, au Cambodge, comme dans la plupart des pays en développement, exposent la population à des risques. Le Ministère de la Santé a décidé de former tout le personnel dentaire dans cette discipline, l’AOI apporte son soutien dans ce domaine.

L’approche retenue est de développer des outils de formation qui seront diffusés à toute la profession, basée sur 3 outils : vidéo, posters, guides pratiques.

Les guides pratiques avaient été élaborés en 2009 et diffusés en 2010.

En 2012 plus de 3000 posters (P1, P2,P3 ,P4,P5,P6) ont été finalisés et imprimés. Une partie a été diffusée dans les hôpitaux, centres de santé et faculté dentaire. En 2013 cette diffusion sera étendue et l’ensemble des posters seront donnés aux professionnels dans le secteur public et privé (600 dentistes, 250 infirmiers dentaires).

Une vidéo de sensibilisation a été réalisée en 2012, montrant les principaux risques lors des soins et les bonnes pratiques à mettre en place. L’approche retenue a été de réaliser un film ludique avec un acteur célèbre au Cambodge qui joue le rôle d’un dentiste très brouillon et dangereux pour ses patients. Ses fautes étant commentées et corrigées par un confrère effectuant les bonnes pratiques. La présence d’un acteur connu facilite la diffusion de cette vidéo et suscite l’intérêt des professionnels.

Les DVD sont en cours d’impression et seront diffusés fin 2012 à 600 chirurgiens- dentistes, 250 infirmiers dentaires et à deux universités (200 étudiants).

Les posters et la vidéo ont été réalisés avec le soutien de l’AFD et de la société Unident

Cambodge : Amélioration de la qualité des soins dans les hôpitaux de référence

La grande majorité des hôpitaux et centres de santé du secteur public est sous-équipée et ne peut proposer une qualité de service acceptable. Le Ministère de la Santé a formulé une demande d’appui pour mettre en place des services dentaires de référence  « modèles ».

En 2010/2011, des évaluations ont été réalisées, les outils d’évaluation ont été mis au point et 3 hôpitaux ont participé au programme de réhabilitation (Kompong Chnang, Takeo, Prey Chor). Ils ont été finalisés en fin 2011.

Trois nouveaux hôpitaux ont été identifiés pour participer au programme en 2011/2012 : Kompong thom, Prey Veng et Bati. Les travaux, la formation du personnel et l’équipement ont été réalisés en 2012.

Il était prévu initialement de soutenir 5 hôpitaux sur cette période. La stratégie appliquée dans les hôpitaux à taille réduite a évolué (hôpitaux de Prey Chor et Bati). Le Ministère de la Santé et l’AOI ont opté pour une approche intégrée et regroupant toutes les spécialités médicales effectuant des actes chirurgicaux (petite chirurgie, maternité et dentaire). Avant intervention les trois services effectuaient séparément le traitement de l’instrumentation et possédaient leurs propres stérilisateurs pour la plupart non conformes. Une stérilisation centrale a été créée dans ces deux hôpitaux et les services ont été rénovés. Tout le personnel des hôpitaux a été formé.

Les moyens et le temps nécessaires pour la mise en place d’une approche intégrée sont supérieurs à une intervention uniquement sur le secteur dentaire. De fait le nombre d’hôpitaux réhabilités sera inférieur à celui initialement programmé. En fin de projet 12 hôpitaux auront bénéficié du programme.

Fin 2012 un rapport d’évaluation à mi-parcours permettra de mesurer l’impact du projet concernant les principaux indicateurs sera finalisé (évolution de l’activité des services et sécurité des soins).

Madagascar : formation de médecins et préparation du projet 2013-2015

Du 27 septembre au 6 octobre , formation de 7 médecins en collaboration avec Santé Sud.              Au cours de cette mission, différentes rencontres ont eu lieu avec l’ambassade de France, l’Unicef  et le ministère de la santé malgache  dans le cadre de la préparation du projet qui va être introduit courant novembre 2012 à l’AFD.

Cette formation a eu lieu à Amboanana, commune rurale à 17 km au sud d’Arivonimamo, dans la région Itasy. Elle a duré 3 jours et demi, une journée de bases théoriques, 2 jours et demi de pratique clinique.

Le Dr Niry RAMAROMANDRA de santé Sud a assuré l’organisation en amont et elle est restée sur place pour s’occuper de la coordination. Le Dr Eva BARIJAONA , chef du service buccodentaire et de la santé mentale ainsi que le Dr Michel, dentiste référent du CHD d’Arivonimamo ont participé activement à cette formation.

Une méthode participative et interactive a été mise en place : le petit nombre de MGC et la proximité des formateurs ont favorisé cette approche.

La commune a mis à disposition de l’AOI et de Santé sud une grande salle à la mairie pour les extractions ainsi que du personnel et une salle pour prendre les repas.

Les 7 médecins du stage ont soulagé la douleur de 85 patients. Le travail s’est fait au début en binôme et les règles d’hygiène strictes ont été respectées : désinfection à la cocotte minute, comme d’habitude.

Lors du débriefing du 5 octobre avec le Dr Clément RAZAKARISON et le Dr Niry RAMAROMANDRAY, plusieurs points apparaissent :

–          Faire des tests pré formation pour les MGC et évaluer ainsi les niveaux de connaissance.

–          Pouvoir profiter dans la mesure du possible de l’outil informatique pour présenter des modules sous forme de power point.

–          Prévoir une supervision d’un jour et demi avec 30 patients le premier jour et 10  le deuxième jour.

–          Abandonner la deuxième supervision qui ne parait plus nécessaire.

–          Améliorer le recueil de données. A noter que les médecins de cette promotion ont obligation d’envoyer un SMS de relevé d’activité.

Au cours de cette mission, différentes rencontres ont eu lieu avec l’ambassade de France , l’Unicef  et le ministère de la santé malgache  dans le cadre de la préparation du projet qui va être introduit courant novembre 2012 à l’AFD.

Christophe Herran / Jean-François Bouyssie.

Découvrez la COLLECTION 2013

CARTES de  VOEUX    Tout  le monde connaît les superbes aquarelles extraites des carnets de voyages du Dr Kim Rouch illustrant les cartes de vœux proposées par l’AOI. Grâce à l’engagement solidaire de jeunes artistes, cette année deux nouvelles séries sont disponibles : « HAïTI » 5 photos au cœur de cette île envoûtante réalisées par Faïka, étudiante en photographie et fille de Françoise Ponticq responsable AOI à Port au Prince, et « GARTI » 5 créations originales et humoristiques des étudiants de première année de l’école de design graphique du même nom.

 

 

 

 

 

CARTONS DE RENDEZ-VOUS

Les cartons de rendez-vous  de format 85mmX54mm sont personnalisés à votre nom  et livrés par paquet de 1000.Il ssont proposés avec 5 ou 8 lignes de rendez-vous au choix et sont imprimés sur du papier couché mat de 180g

 

 CARTES DE CORRESPONDANCES   personnalisées et ENVELOPPES illustrées

Collections complètes à découvrir et commandes sur www.aoi-fr.org

ou  en imprimant le bon de commande

Haïti – Septembre 2012

La situation politique  ne s’améliore pas en Haïti ; le régime du président Michel Martelly est un mélange de pouvoir populiste avec des velléités de pouvoir autoritaire.

Jusqu’à maintenant plus d’effets lumineux que de réelle lumière!!! On retrouve beaucoup de pratiques identiques à celles utilisées sous Jean-Claude Duvalier, comme des distributions d’argent, des promesses populistes et des divertissements populaires, avec un faste éclatant et visible du pouvoir (cortège de 17 véhicules), mais pas de changements notoires.

Ce pouvoir semble vivre dans une « bulle », dans sa réalité de couche sociale gouvernée par l`argent sans odeur, non pas « outil » ni « vecteur » mais « finalité ».

Dans ce contexte où l’insécurité réapparaît (kidnappings, dont celui de la femme du directeur du SOE – ONG haïtienne), il serait aléatoire de vouloir entreprendre quelque chose sur le long terme, car il n’y a aucune garantie avec ce genre de partenaires étatiques.

Cependant, vivant en Haïti depuis longtemps, il existe aussi un quotidien, des activités professionnelles rythmées par les besoins et la vie de tout un chacun.

Mes activités professionnelles sont liées au secteur dentaire : peu de dentistes en Haïti (environ 350 ou 400 pour 8 millions d`habitants). La clinique gérée par le SOE fait partie des rares cliniques dentaires qui offrent des services de qualité à des prix modiques, acceptables pour une tranche de la population qui a évidemment des revenus.

cabinet dentaire du SOE à Port au Prince

Les patients qui fréquentent cette clinique en envoient d’autres et font toujours des efforts pour se soigner car ils sont en général satisfaits du service.

Nous couvrons jusqu’à maintenant les dépenses avec les recettes, mais ceci au prix d’efforts en ce qui concerne les salaires des employés (20 à 30 % plus bas que ceux qui devraient être pratiqués), et des tarifs inchangés depuis 2009.

L’AOI  fournit – sur demande- du matériel dentaire depuis 2010, qui permet de couvrir 25% des besoins et Pierre Jahan, dans le cadre d’un projet de formation à la maintenance, a amélioré l’unit (de très moyenne qualité) et laissé du matériel de très bonne qualité (aspiration DURR, Cavitron SATELEC).

Sans ce suivi et cette aide, il serait difficile de couvrir toutes nos dépenses. Il est fort utile de poursuivre ces actions.

Les besoins en matériel sont régulièrement évalués et le remplacement de cet unit (acheté en 2009) d’ici un ou deux ans posera certainement un problème si nous ne trouvons pas une solution. Le coût d’un équipement (autour de 15.000 USD) ne peut pas être pris en charge par les recettes.

Quant au Fond de Solidarité mis en place après le séisme de 2010, il permet de donner un coup de pouce important à de nombreux amis ou personnes familières en ce qui a trait à la scolarité, aux études ou à la santé.

Je remercie tous ceux qui dont des dons car les besoins de la vie au quotidien représentent quelque chose de routinier certes, pas de l’urgence ni de grands projets. Au-delà d’une situation politique que l’on apprécie ou pas, l’obligation de vivre dans ce contexte et ce pays septembre 2012 pour certains reste une réalité parfois dure.

C’est en effet le lot de nombreux Haïtiens de ne pas pouvoir choisir d’aller vivre « ailleurs »; l’obtention d’un visa pour les États-Unis, le Canada ou l’Europe- voir d’un passeport- est une initiative qui se solde le plus souvent par un échec ou un refus.

L’île reste pour une majorité d’Haïtiens une prison, dorée par le soleil, mais prison…et le soleil ne rend pas toujours la misère plus douce, c’est une formule littéraire !!

Il faut toujours rester conscient de cette réalité pour ne pas tomber dans des jugements à l`emporte-pièce ou très « théoriques », mais essayer de comprendre ce petit pays si complexe.

Port au Prince – Septembre 2012

 

« Nous ne sommes plus dans l’urgence mais dans une situation de précarité…. »

Françoise Ponticq nous invite à faire un don pour continuer le travail de proximité entrepris dans le domaine de l’éducation, de la santé et du logement. Vos dons sont à adresser à AOI- Fonds de solidarité 1, rue Maurice Arnoux 92120 Montrouge