Laos : Interview de Mme Bounthavy, Directrice Générale de l’usine de sel de Veunkham

Mixeur pour la production de sel iodé et fluoréVientiane, le 2 mars 2015

Mme Bounthavy, Directrice de l’usine de sel de Veunkham répond aux  questions de  Stéphanie Cohen et de Kongkeo Chounlamountry,  1 mois après le lancement lancement de sa production de sel iodé et fluoré.

Bonjour, pouvez-vous nous dire quand et pourquoi vous avez décidé de vous lancer dans la production de sel iodé et fluoré?

Notre usine existe depuis 1996, et avait été établie à cette époque pour produire du sel iodé (dans le cadre du ‘Universal Salt Iodization program’ mis en oeuvre par l’UNICEF et le ministère de la santé). C’est en 2012 qu’ à la demande du  ministère de la santé  nous nous sommes lancés dans l’aventure du sel iodé et fluoré.  Après réflexion et avec notre volonté de diversifier notre production avec une nouvelle gamme, nous avons décidé de démarrer la coopération avec les partenaires  dont l’AOI.

J’avais déjà entendu parler de sel iodé-fluoré à l’époque car l’usine de Khok Saath avait commencé sa production pilote en 2009. Mais à cette époque, nous n’étions pas encore très surs des bienfaits du fluor sur la santé et étions un peu réticents. Nous n’avions pas encore de relations avec la faculté dentaire et n’avions pas beaucoup d’information.

Aujourd’hui, nous pensons que le fluor a des effets positifs sur la santé et particulièrement sur la santé bucco-dentaire et la réduction des caries. Cela étant dit, nous sommes conscients des risques potentiels du fluor s’il est consomme a trop hautes doses et nous donnons donc beaucoup d’importance à l’évaluation de l’impact du fluor sur la santé, et des contrôles sont effectuées régulièrement sur notre production de sel fluoré pour éviter les surdosages et des analyses vont bientôt être réalisées sur des échantillons de population consommant notre sel iodé-fluoré.

En 2013-2014 nous avons démarré le projet, avec l’achat des équipements nécessaires (mixeur, essoreuse, laboratoire…), et le travail sur les protocoles. Plusieurs missions techniques  d’AOI et de Bleusel par exemple nous ont permis d’avoir une bonne formation de nos équipes et de bien comprendre les différents protocoles à suivre pour une production de qualité. Les laborantins du FDQCC (centre national d’analyses) avec qui nous travaillons ont aussi pu bénéficier de formations ciblées sur l’analyse du sel fluoré.

IMG_0636

Production de sel iodé et fluoré

Pensez-vous que la population laotienne soit prête à changer ses habitudes alimentaires et à consommer ce nouveau type de sel ?

Difficile à dire mais d’après moi, le consommateur laotien n’est pas forcément réticent à essayer un nouveau produit s’il n’est pas très cher et bien promu. Cela dépend beaucoup du prix, surtout en province et zones rurales ou un prix bas sera je pense décisif sur les décisions d’achat des consommateurs.

En ville, l’achat sera certainement davantage lié à la qualité du produit (grain fin, bien soluble, blancheur…) et à la présentation du produit.  En effet, un joli packaging va aussi faire la différence, surtout en ville ou les consommateurs sont habitués aux produits Thaïlandais, souvent mieux mis en valeur.  Mais il semblerait cependant que le Thaïlandais ait un gout trop fort, très salé et trop cher, nous nous placerons donc facilement sur le marché, avec un sel relativement fin, assez blanc et ‘propre’ (sel bouilli), un prix pas trop élevé et avec un packaging simple mais joli (logo écureuil).

IMG_0607

Stockage du sel iodé et fluoré

A Vientiane nous pensons proposer le même prix que celui de notre sel iodé (1600 kip/kg soit : 0,15 €/kg); en province, les prix pourront varier en fonction du marché local.

Egalement, dans le futur nous allons travailler avec des partenaires Thaïlandais pour acheter des salières et pourquoi  pas, vendre notre sel en Thaïlande.  Les consommateurs japonais aiment aussi vraiment le sel Lao, nous prospectons actuellement ces nouveaux marchés.

Quels sont les plus importants challenges auxquels vous devez faire face ?

La vente, la concurrence, sont bien entendu sont les plus gros défis quand on lance un nouveau produit, principalement en dehors de Vientiane ou les sels locaux et le sel étranger (Vietnam, Thaïlande, Chine) sont présents et ou le sel solaire iodé de notre concurrent khok Saath  est très peu cher… Ces produits concurrents vont être difficiles à combattre mais nous feront de notre mieux.  Le sel Veunkham a un grain légèrement plus gros que les autres, mais se dissout plus facilement donc nous pensons que cela va plaire aux consommateurs.   Avec l’entrée dans l’ASEAN, les autres sels qui vont arriver sur le marché seront un problème, surtout si ils sont similaires au sel Lao (ex : sel ‘Lapin’, bouilli et iodé qui vient de Thaïlande).

2013-02-12 08.00.09

Salin de Veunkham

Cela étant dit, nous sommes vraiment confiants car nous connaissons vraiment bien le marché local. Nous avons un réseau de vente très dynamique et qui connait bien le marché, de manière a bien distribuer, donc tout va bien se passer.

Nous prévoyons au lancement du produit de proposer des crédits pour les premiers lots achetés par les grossistes, qui recevront également des t-shirts et autres produits promotionnels, pour les inciter à acheter le sel iodé-fluoré.

Quels sont vos plans pour 2015 et 2016? En termes de production, distribution, communication …

Suite à une réunion avec nos grossistes récemment, nous pensons pouvoir produire et vendre 500 tonnes de sel iodé-fluoré la première année (2015), certainement plus en 2016 mais c’est encore difficile a dire.

Nous pensons aussi continuer de mettre en œuvre notre plan marketing et communication en coopération avec l’ADL, l’ambassade de France, l’AFD  et l’AOI. Ce plan   comprend une distribution (t-shirts, bannières et brochures aux grossistes), la diffusion de  spots  sur différentes radios et la publication d’articles et annonces promotionnelles dans la presse locale. Egalement en 2015, des émissions sur la santé bucco-dentaire et le sel iodé et fluoré sont prévues.

Banner_Veunkham_3x1m v2

Bannière pour les marchés

 

Madagascar : Situation et perspectives pour la santé bucco dentaire

A Diego lorsde l'évaluation sur le sel fluoréLe Chirurgien-dentiste de France du 26 février

Le Dr Eva Ranivoharilanto, responsable du service de santé mentale et de santé bucco-dentaire au ministère de la Santé, décrit les axes de la stratégie d’amélioration de la santé buccodentaire des Malgaches. Le rapprochement avec des pays comme le Laos et le Cambodge permet de confronter les expériences et d’améliorer les pratiques. L’AOI apporte un appui dans le domaine de la formation, de la prévention et de l’accès aux soins.

Lire l’article

Haïti : le secteur santé et la santé dentaire

Françoise PONTICQ – Port au Prince, le 9 février 2015

 

rouch1La santé reste une priorité en Haïti, mais malgré des efforts : la  lutte contre les maladies vectorielles, contre le choléra, l`amélioration de la santé maternelle et infantile, les urgences, la route est encore longue à parcourir pour que toute la population voit ses besoins satisfaits.

LE SECTEUR SANTE

Le système public sanitaire ne répond pas à la demande : budget insuffisant, répartition géographique inégale, ruptures de stocks, personnel parfois insuffisamment formé et peu motivé, de nombreux obstacles dans l`ensemble du pays.

Après le séisme, l`afflux des ONG a permis de couvrir de nombreux besoins pendant un an et demi environ et des centres de soins étaient présents à de nombreux endroits du pays, doublés d`un personnel étranger, de gros budgets. Souvent ces structures fonctionnaient sans relations avec l`état ou trop peu pour que s`institue une passation de savoir-faire.

Peu à peu, la situation générale se normalisant, les ONG sont parties, ont réduit leur personnel et on a assisté à un manque de centres de santé répondant aux moyens économiques des gens,  à Port-au-Prince où vivent quelques 3 ou 4 millions d`habitants. Beaucoup d`ONG offrait la gratuité des soins.

Le Ministère de la Santé Publique fait des efforts, se structure et la coopération avec les organisations internationales appuie certains secteurs.

Comme toujours le secteur privé offre des soins de différentes qualité, mais le coût des soins, des examens, de l`hospitalisation et interventions chirurgicales est très élevé. D`autre part le service hospitalier public est insuffisant en quantité et en qualité.

LA SANTÉ DENTAIRE

L’accès aux soins est fortement limité par le coût des soins, la concentration des cliniques dentaires à Port-au-Prince et leur quasi absence en dehors des grandes villes de province.

De nombreuses  cliniques sont mal équipées, ne répondant pas aux normes établies en 2015.

Le service public est faible, centres d`extractions pour la plupart. Le Ministère de la Santé n`a toujours pas de représentation spécifiquement dentaire. La faculté d`état délivre environ 25 diplômes par an, ce qui est insuffisant. D`autres dentistes, formés à l`étranger (République Dominicaine, Mexique, États-Unis, Europe), pratiquent en privé, souvent sans équivalence. Le contrôle de la pratique dentaire ne peut donc être fait. De la même façon il est très difficile d`évaluer le nombre de praticiens évoluant sur le territoire.

Les « charlatans » vilipendés par les professionnels dentaires demeurent un alibi plutôt qu`une menace pour le secteur; ils existent certes mais surtout dans les zones exemptes de dentistes. Les auxiliaires dentaires, un dossier oublié ; s`il y a quelques années on en parlait comme alternative à la pénurie de dentistes en province, accompagnés d`un encadrement rigoureux, le sujet a disparu des préoccupations.

Il existe un personnel dentaire formé par des ONG- dont le SOE- et il y a eu des séminaires de recyclage jusqu`en 2008, mais depuis lors plus rien. Ce personnel travaille soit dans des cliniques privées, soit dans des centres de santé publics (rares) et ne sont pas soumis à des évaluations régulières.

L`association dentaire nationale existe toujours mais n`a aucune activité visible depuis bientôt 3 ans.

LE  SOE

La clinique du SOE offre toujours un service de soins dentaires, cela depuis les années 2000. Plusieurs chirurgiens-dentistes se sont succédés, actuellement nous sommes deux praticiens et une auxiliaire dentaire qui partageons le fauteuil du lundi au samedi midi.

La clinique a une fréquentation optimum, car les tarifs et la qualité des soins vont de pair. Même si les tarifs ont été révisés en juin 2014, ils représentent environ 1 /3 du tarif moyen ou 3 /4, selon les lieux (urbain et rural).

Nous effectuons toutes sortes de soins et de prothèses; cette dernière rubrique se limite aux prothèses en résine partielles et totales, aux stellites , aux couronnes métal, résine ou céramique. Nous envoyons la prothèse en République Dominicaine sauf pour la résine, faute d’avoir des prothésistes en Haïti. Le délai de fabrication et livraison est de 3 semaines.

Les problèmes rencontrés :

        L’usure de l’équipement qui a été acheté en 2008. Les finances du SOE ne permettront pas de le renouveler.

          Le manque de prothésiste en Haïti. Les délais sont longs et le suivi difficile.

L’activité de  2011 À 2014

2011

2012

2013

2014

Nouvelle
consultation

 

325

327

442

428

Consultation

 

1783

1646

2035

2380

Sexe

F

1213

1158

1400

1680

 

G

879

785

1080

981

Âge

0 à 6

3

2

9

7

 

7  à 12

42

50

47

44

 

13 à 25

193

97

233

489

 

26 à 45

994

1052

1146

882

 

46 et plus

862

770

874

1010

Actes

détartrage

396

451

488

476

 

extraction

196

154

144

162

 

obturation amg

90

102

76

90

 

obturation comp.

323

542

705

765

 

obturation radic.

74

62

71

31

 

radio

107

66

77

38

Prothèse

partielle

69

58

56

46

 

complete

2

1

5

 

couronne métal

3

21

 

couronne ceram

12

12

27

20

 

autre

4

12

40

35

 

Le nombre de nouvelles consultations oscille entre 20 et 22 % par an; les consultations augmentent mais ont atteint leur chiffre optimum.

Le sex ratio est autour de 1.5 au profit des filles.

Les tranches d’âge les plus représentées sont les 26-45 ans, 46 et plus, puis 13-25 ans.

Les obturations (composite et amalgame) sont les actes les plus courants, privilégiant les composites (5 à 6 fois plus que d`amalgames). Elles représentent  environ 50 % des soins, jusqu’ à 56 % en 2014.

Le détartrage, systématique chez un nouveau patient, correspond à la quantité de nouveaux patients annuels 34 % des soins. En diminution de 2011 à 2014.

Les extractions représentent 13 % des soins ;  en diminution de 2011 à 2014.

Les obturations radiculaires en moyenne 5 % des soins.

La prothèse partielle est la plus courante : 60 prothèses réalisées par an en moyenne, et 2 prothèses totales.

Les couronnes en céramique : 18 par an en moyenne.

Le service offert est réellement un service de soins, privilégiant les restaurations dentaires à l`extraction; cela varie selon les moyens du patient, mais nous encourageons à conserver les dents.

La prothèse, malgré son coût moins élevé qu`ailleurs reste une difficulté pour de nombreux patients (financière); nous n`avons pas les moyens de la subventionner.

Les recettes

Elles ont augmenté de 3 % en 2014 (par rapport à 2013), environ 28.688 US$. Les soins dentaires représentent 78 % des recettes (le reste est apporté par l’optométrie).

Les salaires représentent 56 % des dépenses, les dépenses dentaires (sans apport en matériel AOI) 9 % des dépenses, 6 % des dépenses pour l’ achat de montures et verres de lunettes. L’électricité représente 15 % des dépenses.

Cette année les dépenses et recettes s’ équilibrent sans faire de bénéfice ; il reste donc difficile de prévoir l’usure du matériel et son remplacement.

 

 

 

Analyse de livre parue dans la revue « Santé Publique »

imagesEn finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté
Jean-Christophe Sarrot, Bruno Tardieu, Marie-France Zimmer, Préface Dominique Baudis
Ivry-sur-Seine (France) : Coédition Éditions de l’Atelier, Collection Social ECO HC ; 2014. 220 p
Alors que les inégalités sociales de santé constituent une priorité de santé publique, il est bon de lire, relire et faire lire ce petit livre (220 pages, quand-même, mais en format In-12), seconde édition, enrichie, d’un opuscule paru en 2013, et préfacé par Dominique Baudis, alors Défenseur des droits. Les 33 000 exemplaires de ce premier tirage ont été diffusés en moins d’un an. En 2014, pour un prix de 5 €, permis grâce à la solidarité inter-associative, ATD Quart Monde nous apporte 104 réponses argumentées, bibliographie à l’appui, à des assertions fréquemment entendues dans la population mais aussi de la part des professionnels.

Dans Politis, lors de la publication de la première édition, Ingrid Merckx citait brièvement quelques-unes des réponses :

« Oui, le système de protection sociale atténue les impacts de la pauvreté. Non, les gens qui vivent à la rue ne l’ont pas choisi. Si, les sans-abri veulent travailler : en 2001, 36 % étaient en recherche d’emploi. Non, la pauvreté ne peut pas arriver à tout le monde : elle résulte d’un cumul de difficultés (rupture familiale, licenciements, placements dans l’enfance). En revanche, la peur de se retrouver sans domicile est très répandue. Non, les pauvres ne font pas des enfants pour toucher les aides : malgré les aides, choisir d’avoir des enfants, c’est choisir de vivre avec moins d’argent par personne. Non, les pauvres ne profitent pas des aides : le taux de non-recours atteint 50 % pour le RSA, 29 % pour la CMU complémentaire, 62 % pour le tarif spécial solidarité d’EDF, 50 à 70 % pour les tarifs sociaux dans les transports urbains. Non, on ne gagne pas plus avec le revenu de solidarité active (RSA) qu’avec le salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) : les familles qui galèrent avec le Smic galèrent encore plus avec le RSA. Oui, les pauvres peuvent posséder un téléphone portable et un écran plat : mais ce ne sont pas des indicateurs de richesse, contrairement au fait de posséder une voiture ou de manger de la
viande, par exemple. Non, les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU) n’en profitent pas pour faire des soins de confort : leur consommation de soins est légèrement supérieure à la moyenne mais leur état de santé moins bon. Si, les pauvres paient des impôts : ils échappent à l’impôt sur le revenu mais paient la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et les taxes sur les alcools et le tabac. »
Point n’est besoin d’argumenter plus avant. Dans son avant-propos, Marie-France Zimmer écrit « Les préjugés sur les pauvres sont trop répandus dans notre société. […] Pour  répondre à tout ce que l’on entend sur eux et sur nous, il est important de se référer à des
études et des chiffres officiels. Vous n’imaginez pas combien c’est vital pour nous ». Marie-France, membre de la Délégation nationale d’ATD Quart Monde France, sait ce que pauvreté veut dire et peut légitimement parler à la première personne. « Les pauvres sont les meilleurs experts de la pauvreté » disait Joseph Wresinski, fondateur d’ATD. Les écouter, les considérer dans leur richesse d’experts de ce qu’ils vivent, et dans leurs autres richesses, agir contre les préjugés, c’est lutter contre les inégalités sociales, et ce petit livre
peut y contribuer.
Jean-Pierre Deschamps

Analyse de livre  parue dans Santé Publique 2014/6 (Vol. 26)

Une nouvelle affiche pour le N° Vert dans le 94

AOi essai04Emmanuel  Guibert et Frédéric Lemercier ont conjugué leurs talents pour cette nouvelle affiche  pour le Réseau Social Dentaire (RSD) du 94.

Les activités  du RSD  ont pour objectif de permettre à des personnes* de reprendre une démarche de santé dentaire dans des structures de soins de droit commun adaptées aux spécificités de leur situation médico-sociale.

Les moyens sont la communication d’informations et l’accompagnement médico-social pour lever les blocages. Un numéro vert (gratuit) a été mis en service pour informer les intervenants sociaux et/ou le public.

*La population touchée est    

  • en renoncement aux soins dentaires pour des raisons financières et/ou socioculturelles.
  • en situation de vulnérabilité socio-économique. Elle fréquente des structures sociales locales en raison de difficultés liées aux ressources, au logement, au travail…

Les origines des ruptures avec le système de soins dentaires peuvent être liées à des questions  administratives (droits) et/ou financières, à des refus de soins, à difficultés relationnelles avec le système de santé (structures ou professionnels).

Deux catégories de personnes sont particulièrement représentées : le public d’origine étrangère (plus de 75 %) et les bénéficiaires du RSA.

Nombre de bénéficiaires : 800.

Madagascar : chronogramme du 1er semestre 2015

received_m_mid_1422447278159_268cb5e89533271765_0Antananarivo, Madagascar

Atelier de planification semestriel du SSMBD (Service santé mentale et bucco-dentaire) / Ministère de la santé publique – AOI

Le  lundi 26 janvier, la réunion de planification semestrielle s’est déroulée avec la participation du Directeur de la Lutte contre les Maladies Non Transmissibles), de 4 membres du staff du SSMBD (Dr Eva, Dr Nirina, Dr Noëline et Dr Gisèle) et 4 membres du staff d’AOI/COEF (Désiré, Laetitia, Domoina et Mirado – l’assistante administrative et financière).

 

L’engagement de la Fondation Salins et du Conseil Régional de l’île de France pour la fluoration du sel au Laos

120_logoiledefrancecopieAu Laos,images la stratégie de prévention bucco-dentaire du ministère de la santé repose principalement sur la fluoration du sel. Le Conseil Régional de l’Ile de France et la Fondation Salins soutiennent ce programme.

Le Conseil Régional de l’Ile de France a financé un mélangeur, le matériel pour le contrôle de qualité et deux essoreuses.

La Fondation Salins a apporté un appui technique à la mise en service d’un atelier de fluoration du sel iodé par une expertise technique et la fourniture de 500 kg de fluorure de potassium.

Cette action se fait dans le cadre d’un partenariat élargi  entre le ministère de la santé lao, l’université des sciences médicales, les producteurs de sel, l’AFD, l’ambassade de France au  Laos,  l’OMS et l’AOI.

 Ainsi, avec le support du Conseil régional de l’ile de France et la Fondation Salins  ont pu être réalisées :

–          L’implantation de deux essoreuses et d’un mélangeur de type horizontal à socs, avec remplissage par le haut et vidange par le bas. Ce type de mélangeur fonctionne par batch. Il permet d’ajuster le temps de mélange et d’assurer un mélange homogène. Les essais en charge effectués ont validé le fonctionnement du mélangeur et sa capacité d’obtenir une bonne homogénéisation des mélanges.

–          La formation du personnel chargé de l’utilisation du mélangeur. Elle  a été effectuée au moment de la mise en service de l’installation.

 Avec sa dotation de 500 kg de KF, la Fondation Salins contribue à la production de 625 tonnes de sel  fluoré.

En octobrpage 6  Laos salinse 2014, avec le soutien de l’AFD et de l’ambassade de France au Laos,  un atelier de deux jours sur le sel iodé et fluoré a été organisé par le ministère de la santé. Les avancées et les perspectives ont été présentées concernant la législation, la production (techniques de mélange, le cahier des charges et la fabrication d’un mélangeur, les équipements, achat du fluor, le contrôle de qualité de la production de sel iodé et fluoré, la formation des techniciens), la commercialisation (études des coûts, distribution, communication) et la mise en place d’un réseau d’expertise.

 Aujourd’hui, la production et la commercialisation du sel iodé et fluoré peuvent démarrer. L’enjeu est de produire d’ici 3 ans 6 000 tonnes de sel iodé et fluoré par an permettant d’atteindre 35% de la population.

Ainsi les différents partenaires, par leur engagement  en faveur de la fluoration du sel, contribuent efficacement à l’amélioration de la santé bucco-dentaire de la jeunesse laotienne.

 

 

Haïti : 5 ans après le séïsme

P1010071Port-au-Prince , le 11 janvier 2015

C’est la cinquième commémoration du séisme qui a éliminé de nombreuses vies en Haïti et modifié l`espace de la capitale.

Tout le monde y pense…même en catimini; l`émotion est bien sûr passée, le souvenir reste, de plus en plus lointain, mais les conséquences, en tout cas pour certains, sont toujours d`actualité.

ESPACE URBAIN ET RECONSTRUCTION

L`espace de la capitale est modifié; la reconstruction privée bat son plein mais trop souvent encore des monstres de béton s`érigent : défis telluriques mais aussi coût plus élevé des constructions antisismiques. Les chantiers d`état où ceux financés par la communauté internationale ou autres bailleurs de fonds répondent – souhaitons le- à ces exigences. Par contre, ceux que le tremblement de terre a dépossédés, après des mois sous tente ou abris de fortune et des mois de promesses de prise en charge de la construction d`une nouvelle maison, ont, à leur tour, décidé de se reloger.

Cela a pris et prend des tournures différentes selon les milieux sociaux concernés.

À Port-au-Prince, et dans les villes de Jacmel, Léogane, Grand-Goâve. Ti- Goâve, touchées par le séisme, la population « se débrouille » avec ses moyens pour se reloger décemment ou pas, aller habiter ailleurs, chez de la famille. On ne reste pas sans abri pendant 5 ans successifs.

Dans les deux ans qui ont suivi le 12 janvier, on est passé par différentes étapes de « reconstruction » : apport de tentes et bâches, utilisées sur les places publiques, la rue, les impasses, et mise à disposition d`espaces privés (églises, écoles, cours) pour ériger des pseudo-habitations. Ensuite a commencé la valse des ONG et des amis de l`état haïtien : maisons en contre-plaqué, en ciment, en bois….données ou vendues sans fenêtres ou sans portes parfois, sans sanitaires mais aussi complètes !!! Les camps se sont équipés de ce type de provisoire de 2ème intention; il y a eu des bénéficiaires, triés sur le volet, et certaines maisons, organisées en « quartier » sont même vides jusqu`à présent, car bâties à des lieues de distance de toute vie pour le quidam moyen qui se déplace en transport commun (coût et temps) et loin aussi d`écoles, dispensaires, commerces.

Il faut cependant remarquer qu`il existe aussi des endroits où l`habitat répond au besoin de celui qui habite.

Ce qui aurait du être transitoire est resté souvent définitif; le type de maisons qu`on voit dans des quartiers de Port-au-Prince, offertes par des ONG (modèle standard), a été modifié, amélioré par les gens pour en faire quelque chose de fonctionnel et intime. Cela ne répond pas toujours à des critères esthétiques communs ou standards. mais à d`autres, sociaux et culturels,  que nous ne discutons pas, mais que les édiles locales auraient mieux fait d`observer et prendre en compte au lieu de construire du « Little Miami » à Port-au-Prince.

Dans d`autres cas, après avoir attendu en vain quelques aides de l`état promises ou pas, de nombreuses familles ont cherché une solution pour se loger : construction modeste, déplacement dans un autre quartier, un autre endroit. Les zones du bas de la ville, de la ville se sont vidées (comme lieux de résidence), pour arriver à grimper sur les flancs des mornes qui entourent la capitale. Certains sont partis habiter dans la zone métropolitaine (Croix-des-Bouquets, Carrefour, Pernier, La Plaine), pouvant acheter un morceau de terre et sortir de l`affermage. Mais outre la distance et le temps de transport, il faut aussi y résoudre les problèmes d`eau, courant et sanitaire. Très souvent les gens vont s`installer dans des maisons à moitié finies, car ils économisent le loyer ou encore sur des terres à vocation agricole, ou encore qui devraient être protégées : le gouvernement ne fait rien que « dire »…

Les gens ont du aller loin du centre de la ville car les espaces à construire sont limités en ville et chers; une zone d`utilité publique a été définie par la présidence dès le lendemain du 12 janvier (centre-ville). Ses limites ont été modifiées en 2014; les propriétaires de bien immobiliers ont été appelés à présenter leurs pièces notariées pour un dédommagement.

Pétionville, commune au-dessus de Port-au-Prince, a reçu tous les immigrés plus riches de la ville (commerçants, secteur santé, maisons d`affaires, bureaux, petites entreprises). La commune est devenue internationale d`aspect, avec des centres commerciaux universels, des restaurants de toute nationalité : tout ce qu`affecte – en terme de sorties et loisirs- une clientèle haïtienne et étrangère aisée puisque les prix sont en USD. L`espace urbain n`a pas été remodelé, ce qui crée d`énormes embouteillages dans la commune, des endroits encombrés de marchandes sans étal, des vendeurs à la sauvette, des « corridors » qui, dans en sens, redonnent une couleur locale à la scène.

Les chantiers d`état : rien n`est encore très clair pour la majorité des citoyens. En septembre 2014, une frénésie s`est emparée des gros engins de la compagnie d`état CNE et une zone au centre-ville, délimitée par on ne sait quel songe, s`est vue attaquée sauvagement, sans respect des personnes la peuplant, dans le bruit et la fureur. Tout a été rasé, quelques décombres épars se reposent et jusqu`à aujourd`hui rien n`est né des ruines.

D`autres places sont entourées de tôles rouges, bleues ou vertes, signe de travail de reconstruction, au moins de projet; beaucoup en sont restées à ce stade : projet, avec parfois une maquette illustrant et stimulant l`imaginaire. Certains chantiers ont ou ont eu une activité; des bâtiments publics sont donc en cours de construction. Tout cela dans un plan urbain global que personne- ou très peu d`initiés- ne connaissent. Où va-t-on reloger les habitants du centre-ville ????

Et puis au-delà de la ville, à ses portes de sorties nord et sud, s`alignent et se multiplient de petites maison, de petits quartiers, désorganisés ou organisés n`importe comment, avec quelques traces de l`état parfois (poste de police) ou de l`état humain (morgue, camions d`eau, borlette). La population qui occupent ces espaces vient des camps fermés, des places du centre-ville vidées à coup de 1000 gourdes, de la province non touchée par le séisme mais qui était en quête des largesses d`un état-providence utopique, et encore ?

Difficile à connaître les obligations et contraintes ou choix qui ont porté cette population à s`installer dans ces espaces qui deviendront les bidonvilles d`un futur proche et des milliers de personnes qui ne se déplaceront plus si facilement. Ils ont du errer pas mal de temps et survivre dans des conditions inimaginables depuis le 12 janvier, ne croyons pas qu`ils accepteront facilement d`autres décisions arbitraires, si elles venaient un jour.

En dernier lieu, nous pouvons dire que l`état et ses appendices nationaux et internationaux, travaillent sur des dossiers de cadastre, aménagement du territoire, question foncière. Des dossiers délicats, difficiles à cerner, à gérer et qui prendront des années pour aboutir à un maillage national des terres. Parallèlement, les lois, leur application spécifique dans ce domaine, l`acceptation des propriétaires restent des étapes de longue haleine dans un pays assez anarchique quand il s`agit d`actions, mais bizarrement autoritaire en théories.

Françoise  Ponticq

Marketing et communication, deux outils nécessaires pour booster les ventes du sel iodé et fluoré au Laos

Lancé il y a à peine 3 ans au Laos, le sel iodé et fluoré est toujours considéré comme un nouveau produit et a encore du mal à se faire une place de choix sur les étalages des marchés locaux. Que ce soit dans les villes ou les villages, la population Laotienne n’a souvent aucune idée des bienfaits du sel enrichi en fluor…

Sel Khok Saath Salz2            Paquet_VeunkhamSel Veunkham

Pour cette raison et afin de développer le projet de prévention bucco-dentaire et booster les ventes de sel, les équipes AOI, l’Association des Dentistes Lao (ADL) ainsi que les deux producteurs de sel ont lancé une campagne de marketing-communication commune, et réfléchi et mis en œuvre ses différents composantes, toutes adaptées au contexte local.

Khok Saath et Veunkham, les deux producteurs de sel qui se sont lancés dans l’aventure du sel iodé et fluoré ont activement participé à la création et au design de différents supports de communication ces derniers mois, avec le soutien d’AOI et de l’Association des Dentistes Lao (et sur financement AFD et de l’ambassade de France au Laos ).

En 20prevention-poster - vf12, les partenaires avaient déjà travaillé à la production d’un poster illustré dont le message principal est simple et clair et pourrait se résumer par : ‘ Le sel iodé et fluoré est bon pour toute la famille et particulièrement pour les enfants, car le fluor est bon pour les dents et vous aide à combattre les caries ».

La campagne radio a été lancée en octobre dernier sur 3 stations de radios locales, et sous forme d’un spot en Laotien mais aussi en langues Hmong et Khmu, deux langues ethniques parlées dans le nord du pays dans des centaines de villages.

De nombreux supports marketing ont également été produits, comme des t-shirts, calendriers, brochures et stickers, bannières promotionnelles (3x1m) et posters. Tous ces articles sont distribués sur les marchés et auprès des magasins vendant le sel iodé et fluoré.

Fluoride calendar 2015_small Calendrier 2015, Veunkham

Banneer-KhokSaath-FINAL-Small2jpg

Bannière Khok Saath, distribuée sur les marchés aux meilleurs acheteurs (ces bannières plastique servent de pare-soleil).

t-shirt-VeunkhamT-shirt, Veunkham

L’usine Khok Saath, la première à avoir démarré la production de sel enrichi en fluor en 2010 s’est dotée de ‘camions jaunes’, des camions promotionnels qui sillonnent les routes et les marchés du Laos afin de vendre le sel iodé et fluoré. Quand les camions sont sur la route, ils vendent 1.5 tonnes par jour en moyenne. Actuellement une campagne ‘camions jaunes’ d’un mois vient de démarrer, avec le soutien d’AOI (article a suivre!).

camion 2Enfin, en Février 2015 une campagne presse démarrera en parallèle, avec la publication d’annonces promotionnelles dans les quotidiens les plus lus du pays (le ‘Passasson’, principalement), la diffusion d’un spot promotionnel a la télévision ainsi que la participation a différentes émissions télévisuelles consacrées a la santé.

Grâce a ces actions de communication, de promotion et de distribution d’objets marketing, nous espérons que les ventes décolleront en 2015, pour que la santé bucco-dentaire au Laos s’améliore durablement !

Vientiane, le 23 décembre 2014

Stéphanie  Cohen

 

Voyage d’étude et d’échange d’expériences au Laos et au Cambodge (2/2)

Suite du voyage d’étude et d’échange du 02 au 13 décembre au Laos et au Cambodge réalisé par le Docteur Eva Ranivoharilanteo, Chef de Service de la Santé Mentale et Santé Bucco-Dentaire, Direction de la Lutte contre les Maladies Non Transmissibles de Madagascar et de Mme Eulalie Noeliarisoa, Responsable Suivi et Evaluation au service santé mentale et bucco-dentaire de Madagascar 

Deuxième étape du voyage : le Cambodge

Nous avons été frappées par l’immensité de la ville, les nombreux tuk-tuk et motos qui circulent dans tous les sens. En  dépit d’une mauvaise image, a priori, du Cambodge concernant la sécurité (notamment au travers de reportages sur les enfants des rues), nous avons été agréablement surprises de constater le contraire.

CIMG2692Dès le premier jour, avec François Courtel et l’équipe du Ministère,  nous prenons la route vers la province de Kampong Chhnang  pour voir deux hôpitaux : le premier (hôpital de Prey Chor), est équivalent au centre hospitalier de District à Madagascar, et le deuxième, plus grand, l’hôpital Provincial de Kampong Chhnang.

 

CIMG2715A l’hôpital de Prey Chor, les activités de prévention des infections liées aux soins sont bien appliquées avec le système de stérilisation centrale. Le service de dentisterie enregistre le plus grand nombre de patients pour tout l’ensemble de l’hôpital, cas rare dans notre pays.

 

 

Dans cette même province, nous avons pu observer des activités en milieu scolaire (Aknouwat), appuyées conjointement par le GIZ, le ministère de l’Education, les partenaires du ministère de la Santé, y compris l’AOI. Nous avons noté la forte implication de la communauté, notamment pour la construction de lavabos pour l’hygiène dentaire et des mains.

Nous avons été très étonnées de voir, qu’ici, on forme des infirmiers dentaires qui peuvent exercer et réaliser quelques actes  de dentisterie. Il y a également des tradipraticiens  qui sont autorisés à prendre en charges les maladies bucco-dentaires, chose  encore inacceptable à Madagascar.

CIMG2824Au Ministère de la Santé, les exposés présentés par le Docteur Sithan et Tepirou et leur équipe sur leurs activités, nous ont donné beaucoup d’informations… et d’inspiration. Chacun des huit chirurgiens-dentistes qui composent le service de la santé bucco-dentaire, malgré un volume d’activités considérable, est affecté à un volet précis du programme, bel esprit d’équipe ! Ils ont pu établir un réseau de partenariat et ont pu réaliser diverses activités, supportées par le budget HSSP2 du Ministère. Par exemple, la prévention en milieu scolaire pour les enfants en primaire a bien démarré, même dans les écoles sans lavabo (utilisant des cuvettes plastiques), activité  également vulgarisée dans quatre centres spécialisés pour les enfants handicapés

Dr Tépirou a pu bénéficier d’une formation sur l’analyse du fluor et le service peut assurer lui-même le contrôle qualité du sel, de l’eau de boisson et du dentifrice. Ce qui nous a conduit à penser que si Madagascar en bénéficie, une partie des problèmes  concernant  le contrôle qualité des sources de fluor se résoudrait d’elle-même. Avec l’appui technique et financier de l’AOI, le Cambodge a pu établir une cartographie du fluor et mener les enquêtes nationales sur l’état de santé orale de la population.

Autant de réalisations nous donnent envie de faire plus  à Madagascar !

CIMG2870A la faculté dentaire, l’appui de l’AOI a concerné la formation en matière de lutte contre les infections croisées et l’installation d’une stérilisation centrale. Nous avons été interpellées par la facilité avec laquelle le personnel de la stérilisation a pu se familiariser avec tous les différents types d’instruments (il n’a plus besoin de consulter le livre de numérotage de chaque instrument pour constituer les sets).

Ces échanges, ces rencontres sont enrichissantes. C’est une partie de mon métier que j’aime beaucoup. C’était un périple jalonné de découvertes qui, sûrement apportera sa pierre à l’édifice du développement de la santé bucco-dentaire à Madagascar. Merci à l’AOI !

Phnom Penh, samedi 13 décembre 2014

Docteur Eva Ranivoharilanteo,
Chef de Service de la Santé Mentale et Santé Bucco-Dentaire,
Direction de la Lutte contre les Maladies Non Transmissibles de Madagascar