La situation politique ne s’améliore pas en Haïti ; le régime du président Michel Martelly est un mélange de pouvoir populiste avec des velléités de pouvoir autoritaire.
Jusqu’à maintenant plus d’effets lumineux que de réelle lumière!!! On retrouve beaucoup de pratiques identiques à celles utilisées sous Jean-Claude Duvalier, comme des distributions d’argent, des promesses populistes et des divertissements populaires, avec un faste éclatant et visible du pouvoir (cortège de 17 véhicules), mais pas de changements notoires.
Ce pouvoir semble vivre dans une « bulle », dans sa réalité de couche sociale gouvernée par l`argent sans odeur, non pas « outil » ni « vecteur » mais « finalité ».
Dans ce contexte où l’insécurité réapparaît (kidnappings, dont celui de la femme du directeur du SOE – ONG haïtienne), il serait aléatoire de vouloir entreprendre quelque chose sur le long terme, car il n’y a aucune garantie avec ce genre de partenaires étatiques.
Cependant, vivant en Haïti depuis longtemps, il existe aussi un quotidien, des activités professionnelles rythmées par les besoins et la vie de tout un chacun.
Mes activités professionnelles sont liées au secteur dentaire : peu de dentistes en Haïti (environ 350 ou 400 pour 8 millions d`habitants). La clinique gérée par le SOE fait partie des rares cliniques dentaires qui offrent des services de qualité à des prix modiques, acceptables pour une tranche de la population qui a évidemment des revenus.
Les patients qui fréquentent cette clinique en envoient d’autres et font toujours des efforts pour se soigner car ils sont en général satisfaits du service.
Nous couvrons jusqu’à maintenant les dépenses avec les recettes, mais ceci au prix d’efforts en ce qui concerne les salaires des employés (20 à 30 % plus bas que ceux qui devraient être pratiqués), et des tarifs inchangés depuis 2009.
L’AOI fournit – sur demande- du matériel dentaire depuis 2010, qui permet de couvrir 25% des besoins et Pierre Jahan, dans le cadre d’un projet de formation à la maintenance, a amélioré l’unit (de très moyenne qualité) et laissé du matériel de très bonne qualité (aspiration DURR, Cavitron SATELEC).
Sans ce suivi et cette aide, il serait difficile de couvrir toutes nos dépenses. Il est fort utile de poursuivre ces actions.
Les besoins en matériel sont régulièrement évalués et le remplacement de cet unit (acheté en 2009) d’ici un ou deux ans posera certainement un problème si nous ne trouvons pas une solution. Le coût d’un équipement (autour de 15.000 USD) ne peut pas être pris en charge par les recettes.
Quant au Fond de Solidarité mis en place après le séisme de 2010, il permet de donner un coup de pouce important à de nombreux amis ou personnes familières en ce qui a trait à la scolarité, aux études ou à la santé.
Je remercie tous ceux qui dont des dons car les besoins de la vie au quotidien représentent quelque chose de routinier certes, pas de l’urgence ni de grands projets. Au-delà d’une situation politique que l’on apprécie ou pas, l’obligation de vivre dans ce contexte et ce pays septembre 2012 pour certains reste une réalité parfois dure.
C’est en effet le lot de nombreux Haïtiens de ne pas pouvoir choisir d’aller vivre « ailleurs »; l’obtention d’un visa pour les États-Unis, le Canada ou l’Europe- voir d’un passeport- est une initiative qui se solde le plus souvent par un échec ou un refus.
L’île reste pour une majorité d’Haïtiens une prison, dorée par le soleil, mais prison…et le soleil ne rend pas toujours la misère plus douce, c’est une formule littéraire !!
Il faut toujours rester conscient de cette réalité pour ne pas tomber dans des jugements à l`emporte-pièce ou très « théoriques », mais essayer de comprendre ce petit pays si complexe.
Port au Prince – Septembre 2012
« Nous ne sommes plus dans l’urgence mais dans une situation de précarité…. »
Françoise Ponticq nous invite à faire un don pour continuer le travail de proximité entrepris dans le domaine de l’éducation, de la santé et du logement. Vos dons sont à adresser à AOI- Fonds de solidarité 1, rue Maurice Arnoux 92120 Montrouge