Dans le cadre de la bourse de découverte, j’ai participé avec Caroline Balazard à une enquête dans le sud de Madagascar avec l’équipe du ministère de la santé. Elle fait suite à une étude nationale sur la teneur en fluor des eaux de boisson qui en a révélé des dosages importants dans cette zone. L’objectif était donc de vérifier si cela se traduisait par des fluoroses dentaires.
Journée type enquête fluorose
L’organisation pour le recrutement des personnes sujettes de l’enquête se fait directement en parlant avec le médecin chef, le chef de fokontany (hameau dépendant d’une source) ou l’agent communautaire sur place. Quand le fokontany est éloigné du lieu d’organisation à l’instant donné, l’organisation se fait par téléphone.
La personne sollicitée prévient sa communauté et s’engage à nous présenter 25 à 35 personnes pour le besoin de l’enquête, ainsi quand nous arrivons sur place, un groupe et son représentant sont déjà présents.
Nous demandons trois à quatre chaises, une table et une quantité d’eau suffisante pour remplir les bacs de décontamination et de rinçage des écarteurs.
Nous installons sur la table les bacs précités, les gants, les masques, la solution hydro alcoolique, les écarteurs et les brosses à dents. Une poubelle à clapet est positionnée à l’endroit le plus approprié. L’examen est effectué en blouse blanche.
Le docteur du ministère délégué pour l’enquête pose les questions permettant de remplir la fiche type OMS et oriente le « patient » vers un deuxième docteur qui procède à l’examen des arcades. Des écarteurs sont placés en bouche. En cas de fluorose, un troisième docteur prend une photographie de l’arcade ainsi découverte. L’avis du troisième docteur en charge de l’iconographie est sollicité pour confirmer le score de Dean à noter sur la fiche.
Le patient se voit remettre une brosse à dent. Quand une pause est possible il est alors possible de montrer la technique de brossage à l’ensemble des personnes présentes.
L’opération est reproduite le nombre de fois nécessaire à l’obtention d’un échantillon signifiant.
Les écarteurs sont décontaminés dans le premier bac, rincés dans le second puis séchés à l’aide de serviettes en papier. L’eau souillée est renversée au sol à l’endroit indiqué par les habitants. Les déchets type serviette, masques et gants sont laissés à la communauté qui les incinèrent (quelques gants finiront néanmoins en matériaux de construction pour lance pierre, « fléchettes » des enfants).
Nous remercions les personnes une dernière fois et saluons le responsable présent auquel nous demandons la localisation de la source dont dépendent les personnes du lieu. Nous prélevons l’eau, notons les références sur la bouteille. Ces échantillons seront analysés au laboratoire d »Antananarivo et en France pour double analyse.
L’ensemble de l’opération prend 2 à 3 heures.
Cette opération d’enquête pour une trentaine de personnes peut être reproduite jusqu’à trois fois dans la journée en l’absence de déplacement important.
Louis Maladry – Septembre 2017