HAÏTI :Témoignage de F. Ponticq (20 novembre 2018)

Présente en Haïti et plus particulièrement dans la capitale, Port-au-Prince, Françoise Ponticq revient sur l’actualité socio-économique et politique récente haïtienne. La situation reste relativement tendue entre différentes forces politiques ou autre groupuscule affiliés.

QUESTIONNEMENT SUR LA SITUATION

Le 18 novembre le groupe Petro de la société civile a été noyé dans une foule de manifestants violents, casseurs et demandant le départ du Président. En apparence, c’est l’opposition politique qui demande cela, elle ne semblerait pas avoir de réelle force (au vu des 5 années passées) hormis une force de nuisance.

L’opposition politique est représentée surtout par Moise Jean Charles, Lavalas et Andre Michel. Mais on peut se douter qu’à l’intérieur du pouvoir tricéphale, il y a aussi des opposants à la recherche de plus de pouvoir ! De même, il existe des groupes du secteur privé qui veulent garder leur statu quo (économique).

Cette « opposition » large, qui en fait ne représente qu’une opposition à ce que quelque chose change dans le pays en faveur de la population en survie, et une opposition à perdre des privilèges bien ou mal acquis, est associée avec des gangs armés par eux-mêmes (en faisant de ceux armés par le pouvoir des bandits dits «  légaux »), des vrais ou faux policiers véreux. Cela fait peur à tout le monde.

Il faut dire que depuis les années 1995, la mise en œuvre de « forces » illégales et de type bandits, ont toujours été mises en place par des gens au pouvoir, et/ou des partis/groupes d’opposition, politiques ou secteur privé, voire de certains secteurs de la communauté internationale, pays « amis », missions des Nations Unies.

Leur but n’est-il pas d’empêcher tout changement qui leur ferait perdre leur monopole et privilèges (enrichissement et pouvoir) et, pour les étrangers, de garder main mise sur le pays ? D’ y trouver des intérêts économiques ?

Pour arriver à ces fins, ils utilisent toujours la même stratégie en cas de besoin : armer des jeunes de quartiers populaires et des bidonvilles, leur faire croire n’ importe quoi et les payer aussi pour créer panique et désordre, déguiser des gens en policiers ou autres forces de l’ordre à leur solde, en étudiants parfois, infiltrer des milieux propices à la manipulation et des naïfs de bonne volonté !

Les noms des personnes utilisées changent selon les époques mais c’est la même chose : zenglendo, rat pa kaka, ninja, chimè, maintenant gangs.

Des que ces personnes sont en action, tout le monde rentre chez soi, les rumeurs les plus folles circulent et desservent ceux qui sont à la base de ces actions. C’est à la suite d’une de ces périodes que la MICIVIH (première force UN d’occupation est entrée dans le pays et y est encore en MINIJUSTH).

Cette fois-ci qu’est ce qui se règle sous l’apparente grève demandée par l’opposition pour que le président parte?????

N’est-ce pas encore une tentative de garder un statu quo menacé par la montée du dossier Petro Caribe en flèche depuis juillet 2018 ? Apogée le 17 octobre dans tout le pays.

Face à une pression nationale et peut être internationale (à l’heure de la lutte contre la corruption d’état un peu partout), le président n’a pas le choix que de faire quelque lumière sur ce dossier et qu’un procès ou forme d’audit, soit lancé contre des personnes « publiques ».

Cela n’arrange pas ces mêmes personnes « publiques impliquées dans Petro Caribe et celles liées à ce dossier. Elles sont autant du secteur gouvernemental, que d’opposition, que du secteur privé. On y retrouve donc « les mêmes »…et leurs mêmes façons d’agir et d’utiliser des masses défavorisées payées en argent ou nature (armes).

Cette grève a un gout de « connu » et durera jusqu’ à une entente entre les malfrats qui détiennent ce pays en otage, pour que RIEN ne change. Rien de ce qui est en leur faveur…

Ne faudrait –il pas en finir un jour ? La population n’est pas aveugle ni sotte, et beaucoup partagent le même raisonnement… Alors?

Françoise Ponticq

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